INTERVIEW MORAD DE LA SCRED CONNEXION !!!

Yo Morad, qu’est-ce que tu deviens ?



On les appelle les old-timers. Ils ont écrit les premières – et parmi les plus belles – pages du Rap Français. Rap Mag et Bounce2Dis leurs rendent désormais hommage chaque mois et refont les présentations pour les moins de 20 ans.

« Backeur de Befa », à elle seule sur un CV cette mention suffit à en imposer dans le Rap Français. Mais la carrière de Morad est loin de se résumer à cette dernière. Rencontre avec le membre le plus discret de la Scred Connexion.


- Commençons par le commencement, tu peux nous refaire rapidement l’historique de la Scred Connexion ?

Avant tout il faut savoir que la Scred n’est pas un groupe ou un collectif à la base, c’était juste un titre présent sur « Opération Freestyle » de Cut Killer. Koma et moi accompagnons Fabe en concert depuis 95-96, mais nous sommes tous des rappeurs solo. C’est un organisateur qui à exiger « Scred Connexion », je pense que le truc nous est un peu tombé dessus par hasard, ensuite on a fait avec… Mokless puis Haroun nous on rejoint en 98, année où j’avais un peu mis tout ça en stand by… Jusqu’à la sortie de notre premier album, « Du mal à s’confier » en 2001.

- Et ce nom, il vous vient d’où ?

C’est Dj Skrozi, un mec originaire de Barbes qui a migré sur Sarcelles, qui avait toujours ce mot à la bouche. Il disait à Ahmed « fait scred », ou alors « scrédi les gars », en 92 déjà ! Je pense honnêtement que ça vient de là…

- Y a des souvenirs en particuliers qui te viennent à l’esprit quand tu repenses à cette époque ?

Mes meilleurs souvenirs sont sur scène, avec mes compères de la Scred. Y a aussi le mini album « Tout est calculé » avec Koma qui a été très formateur. Pour répondre à ta question je dirais que non, je n’en ai pas un en particulier.

- Fais-tu parti de ceux qui regrettent cette époque bénie des Dieux du Rap ? L’époque des petites scènes sauvages et des K7 de Cut Killer…

J’ai aucun regret, le meilleur est devant nous, sinon faut qu’on arrête tout de suite (rires). Ce qui est dommage c’est qu’aujourd’hui, tu as une génération entière qui n’a aucune culture Hip-Hop et qui sort un album au bout de 6 mois de pratique. Si tu tends l’oreille, tout le monde fait son rap. Ce qui est effrayant c’est que malgré ces 16 années, le Rap Français souffre toujours de la frigidité des programmateurs, à tous les niveaux. On va voir du vrai Rap à la Miroiterie maintenant, ce genre d’endroit bien glauque, c’est sympa, mais la vérité c’est que ça se passe là-bas faute de mieux…

Cut Killer est un activiste du Hip-Hop qui est toujours bien présent, je profite de cette interview pour lui poster un gros big up d’ailleurs…

- On ne peut pas parler de la Scred sans évoquer le nom de Fabe… Comment tu as vécu son départ ?

Je ne l’ai pas compris… A l’époque je bossais à la poste. Un jour il est venu me voir et m’a dit : « Morad, j’arrête le Rap », je pensais qu’il était juste blasé…A la fin de la journée je suis allé chez Koma afin de lui demander s’il en savait plus, mais il était dans le même cas que moi.

- Quelle était la raison de ce retrait selon toi ?

Si on remet les choses dans leur contexte, Fabe ne vendait pas beaucoup de disques, ça ne se bousculait pas au portillon quoi… Peut-être que le public n’a compris l’importance d’un MC comme lui une fois qu’il a arrêté, je le pense profondément. Question écriture, on ne fera pas mieux, ce type est très fort et ou qu’il soit, quoi qu’il fasse, il aura toujours mon soutien ainsi que mon profond respect.

- Tu n’as vraiment aucune nouvelle de lui ?

Non, j’ai entendu un tas de trucs… Quoi qu’il fasse, je suis certain qu’il le fait bien et avec de bonnes intentions. Personnellement j’ai été le premier surpris. Encore une fois faut remettre les choses dans leur contexte, puis mine de rien… ça fait 10 piges qu’il a arrêter le Rap Befa… J’ai plus aucun contact avec lui depuis. J’ai l’impression que les gens s’intéressent aux autres que quand ils ne sont plus là (rires). Encore à l’instant je sors de mon bureau et on me demande après lui, mais pour moi c’est mystère et boule de gum ! J’espère le rencontrer un de ces jours, pour discuter en toute quiétude. Qui sait, si vous m’entendez là-haut, faites que mon souhait se réalise… Inchallah.

- Tu crois en son retour dans la musique comme tous ses fans qui spéculent là-dessus ?

J’aimerais qu’on respecte son choix à vrai dire.

- Et toi, qu’est-ce qui te pousse à continuer ?

Cela fait 16 ans que je rappe, j’en ai 32, le calcul est vite fait. La moitié de ma vie je l’ai consacré à cette discipline, à cet art. Ce n’est certainement pas pour l’argent vu que j’en ai perdu plus qu’autre chose. Si je continue aujourd’hui, c’est certainement pour les mêmes raisons que pleins d’autres MC’s : à cause de la passion, ou grâce, à vrai dire je n’en sais rien. Tant que je prendrais du plaisir, je continuerais.

- Cette musique te passionne toujours autant alors. Il y a des petits jeunes que tu apprécies ?

Tous les jours je suis agréablement surpris. J’ai pris conscience avec Internet que ça rappait dans les quatre coins de la France, et j’me prend une bonne baffe de tant à autre. Pourtant ce sont des anonymes, des inconnus. Des mecs comme Fily Rockfeller de Toulon, Les Grandes Gueules de Montpellier, Flo à Pau, Donna à Strasbourg, La Rime Dangereuse ainsi que son compère c’est le fléau… Bref, j’en place une spéciale pour tous les activistes et les survivants, qui ne manque pas d’inspiration et de détermination…

- Votre second album sorti cette année a été plutôt bien reçu par le public avec des chiffres de vente plus qu’honorables. C’est quelque chose à quoi vous vous attendiez ?

« Ni vu ni connu » a été très bien reçu par le public c’est vrai. Il s’agit d’un double album sur lequel je me suis énormément investi, alors tant mieux, pour tous les membres du collectif même : Ahmed, Mokless et Haroun, c’est bien les gars, on a bien taffé…

- J’imagine que c’est le genre de truc qui motive pour la suite…

Bien sûr que ça nous motive pour la suite, bien qu’en ce moment nous sommes tous sur la préparation de nos albums solo… A ce sujet j’ai une exlu pour toi, le mien s’appellera « Le Survivant », j’ai déjà bien avancé dessus. Je sors également une street tape mixé par DJ Sims et bourrée d’inédits courant janvier, « Le bon vieux son ».

- Et à part rapper, le Morad d’aujourd’hui il fait quoi de ses journées ?

Je bosse pour un nouveau label du nom de Music Only, je suis chargé de découvrir de nouveaux talents, et pas uniquement dans l’univers du Hip-Hop. Je sors beaucoup pour rencontrer les artistes : expositions, concerts, débats… je ne rate jamais l’occasion de partager mes points de vues avec des personnes qui viennent d’horizons très différents… Je continue dans cette entité que l’on nomme le divertissement à faire valoir le talent et à le promouvoir…

Je pense que dans un proche avenir je vais collaborer avec des tas de projets, pas uniquement des albums de Rap, parce que j’ai les idées bien plus large que ne l’est le Rap français, qui me parait parfois mal adapté lorsque l’on souhaite s’adresser au plus grand nombre. Je me lance aussi dans l’écriture de livres pour enfants, j’écrirais peut-être un film après ça… Je remercie vraiment le public pour sa fidélité, merci de continuer à croire en nous.



Site : www.myspace.com/moradscred




Publié par Fizzle.

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